Autoéditrice, maquettiste & graphiste à Nantes

Autoédition ou édition traditionnelle : quel modèle choisir pour votre livre ?

Le paysage éditorial a changé. Vraiment changé. Pas juste un petit lifting numérique, non : une refonte complète de ce que signifie « être publié ». Et pourtant, on continue à opposer autoédition et édition traditionnelle comme si l’une devait nécessairement écraser l’autre.

La vérité ? Ces deux voies ne sont plus des camps adverses. Ce sont des outils différents pour des projets différents, des moments différents d’une carrière. Choisir l’un ou l’autre (ou les deux), ce n’est pas une question de légitimité ou de facilité. C’est une question de vision d’auteur.

Alors posons les choses clairement. Voici ce que personne ne vous dit vraiment sur ces deux modèles.

L’autoédition : quand l’autonomie devient une force

On va commencer par là, parce que c’est le terrain que je connais le mieux et celui qui me passionne. L’autoédition, ce n’est pas le plan B de ceux qui n’ont pas trouvé d’éditeur. C’est un choix actif de prendre en main sa trajectoire éditoriale.

Ce que vous y gagnez vraiment

Le contrôle total. Et je ne parle pas juste du titre ou de la couverture. Je parle de décider du moment de sortie, du prix, des formats (papier, ebook, audio), de la stratégie marketing. Vous pilotez. Point. Pour les auteurs qui ont déjà une communauté, une identité forte ou simplement une vision précise de ce qu’ils veulent, c’est une liberté incomparable.

La réactivité. Votre manuscrit est prêt ? Vous pouvez être en ligne en quelques jours. Pas de calendrier éditorial imposé, pas de négociations interminables. Une idée qui colle à l’actualité ? Publiez. Envie de tester un nouveau genre ? Testez. Cette souplesse change tout.

Les revenus potentiels. Sur Amazon KDP ou Kobo, vous touchez jusqu’à 70% de redevances. Oui, soixante-dix pour cent. Comparez ça aux 8-12% de l’édition traditionnelle. Avec une stratégie marketing solide, certains auteurs autoédités gagnent plus que s’ils étaient chez un éditeur. Ce n’est pas une légende urbaine, c’est un fait.

La possibilité d’itérer. Votre couverture ne fonctionne pas ? Changez-la. Une coquille repérée trois mois après la sortie ? Corrigez-la. L’envie de republier votre roman sous un nouveau titre ? Faites-le. Rien n’est gravé dans le marbre.

Construire un catalogue vivant. L’autoédition permet de bâtir une œuvre progressive, de tester des publics, d’affiner sa plume. Et si un jour un éditeur traditionnel s’intéresse à vous, vous arrivez avec des données concrètes : ventes, avis lecteurs, preuve de concept. Ce n’est plus une simple soumission, c’est une négociation.

Ce que ça vous coûte (vraiment)

Du temps. Beaucoup de temps. Corrections, mise en page, mots-clés, promotion, relances… Sans accompagnement, tout repose sur vous. Et même avec de l’aide, il faut orchestrer, décider, valider. Certains adorent cette dimension entrepreneuriale. D’autres la vivent comme un fardeau.

De l’argent, potentiellement. Pour un projet bien accompagné (graphisme professionnel, correction soignée, un minimum de promotion), comptez entre 500 et 2000 euros. Vous pouvez monter en compétences et tout faire vous-même, mais ça prend du temps. Vous pouvez déléguer, mais ça coûte. Il faut choisir.

La solitude. Il existe des communautés d’auteurs autoédités, des groupes d’entraide, mais au final, les décisions vous reviennent. Gérer les doutes, encaisser les critiques, affronter les creux de ventes… c’est vous. Seul.

Une crédibilité encore fragile. Les choses évoluent (le Prix Amazon Storyteller, le Salon du livre indépendant, les chroniqueurs spécialisés), mais certains médias, salons ou prix littéraires excluent encore les livres autoédités. C’est injuste, mais c’est réel.

Une visibilité à construire de zéro. Les ventes ne tombent pas du ciel. Il faut comprendre les algorithmes, les catégories KDP, le SEO Amazon, savoir animer une communauté, solliciter des avis. C’est un métier en soi.

Pour démarrer : Amazon KDP (https://kdp.amazon.fr) reste le leader incontesté. Couplé à Kobo Writing Life (https://www.kobo.com/fr/fr/p/writinglife) pour toucher la Fnac et les liseuses Kobo, vous avez une base solide.

L’édition traditionnelle : ce qu’elle offre (et ce qu’elle ne garantit pas)

L’édition classique reste une voie qui fait rêver. Et à raison, parfois. Mais il faut arrêter de l’idéaliser.

Les vrais atouts

Un accompagnement éditorial professionnel. Quelqu’un qui relit votre manuscrit avec un œil expert, qui travaille la structure, le rythme, le positionnement. Une couverture réalisée par un vrai graphiste. Un titre peaufiné. Cet encadrement a une valeur réelle.

Une distribution structurée. Accès aux réseaux Hachette, Dilicom, aux bases Electre et Decitre. Présence potentielle en salons, festivals, tables de libraires. Ce n’est pas automatique, mais c’est possible.

Une reconnaissance institutionnelle. Prix littéraires, invitations à des événements, presse spécialisée. Ces portes sont souvent fermées aux auteurs autoédités. Pas toutes, mais beaucoup.

Des droits secondaires. Certains éditeurs négocient pour vous les droits audio, les adaptations, les traductions. Pour un auteur qui vise l’international ou l’audiovisuel, ça compte.

Ce qu’on oublie de vous dire

C’est long. Très long. Entre la signature du contrat et la sortie en librairie, comptez 12 à 18 mois. Et avant ça, il y a les mois (années ?) de soumissions et de refus. Le taux d’acceptation reste très faible.

Vous perdez le contrôle. Le titre peut être changé. La couverture imposée. Le texte retouché. La stratégie marketing dépend du budget alloué à votre livre, et vous n’avez pas votre mot à dire. C’est leur catalogue, leurs priorités.

Les revenus sont faibles. 8 à 12% du prix public hors taxe, avec des paiements différés d’un an. L’avance sur droits ? Modeste, voire inexistante pour un premier roman. Faire vivre de l’écriture en édition traditionnelle relève du parcours du combattant.

La communication n’est pas garantie. Les équipes marketing se concentrent sur quelques titres phares par saison. Si votre livre n’a pas de forte impulsion initiale, il peut sombrer dans l’indifférence en quelques semaines.

Pour maximiser vos chances : soignez votre manuscrit comme si votre vie en dépendait. Rédigez une note d’intention convaincante. Ciblez les maisons qui correspondent vraiment à votre genre et votre ligne éditoriale. Et si besoin, passez par un agent littéraire ou un service de conseil comme www.edithetvous.com.

Le piège à éviter : l’édition à compte d’auteur

Parlons franchement d’un troisième acteur qui se glisse entre les deux premiers : l’édition à compte d’auteur. C’est là que beaucoup d’auteurs se font avoir.

Le principe ? Vous payez une maison qui se présente comme « éditeur » pour publier votre livre. On vous parle de contrat, de comité de lecture, de distribution en librairies. Tout sonne légitime. Sauf que :

  • Vous payez plusieurs milliers d’euros pour des prestations dont la qualité est aléatoire.
  • Le livre ne vous appartient pas toujours complètement.
  • Vous restez responsable de la promotion et des ventes.
  • La diffusion est quasi inexistante malgré les promesses.

Autrement dit : vous payez pour être publié, sans les avantages de l’autoédition (contrôle, rentabilité) ni ceux de l’édition traditionnelle (soutien, réseau, reconnaissance).

Règle simple : si vous devez sortir votre carte bleue pour signer un contrat d’édition, ce n’est pas un éditeur. C’est un prestataire déguisé.

Il existe des accompagnateurs sérieux en autoédition (qui se présentent comme tels), mais soyez vigilant. Lisez les avis, vérifiez les exemples de livres publiés, assurez-vous de garder vos droits et l’accès à vos fichiers.

Et si on arrêtait de choisir ?

De plus en plus d’auteurs expérimentent les modèles hybrides. Un roman autoédité, un essai chez un éditeur. Une série en indépendant, puis une négociation pour la version poche ou audio. Ce n’est plus l’un ou l’autre, mais l’un avec l’autre, selon les projets.

Construisez votre stratégie éditoriale en fonction de votre lectorat, de vos forces, de vos objectifs. Pas en fonction d’une idée figée du « prestige » ou de la « facilité ».

Vous n’êtes pas un demandeur, vous êtes un acteur

Autoédition et édition traditionnelle ne s’opposent plus. Elles se complètent, selon la posture que vous choisissez d’adopter.

L’autoédition demande une dimension entrepreneuriale, mais offre indépendance et réactivité. L’édition traditionnelle sécurise certaines étapes, mais limite votre autonomie créative et commerciale.

En tant qu’auteur averti, vous n’êtes pas un simple « demandeur de publication ». Vous êtes un acteur de votre trajectoire littéraire. À vous de définir la voie qui honore le mieux votre vision, votre rythme, et votre relation aux lecteurs.

En toute subjectivité… mais assumée

Alors oui, soyons honnêtes jusqu’au bout : ici, on miaule plutôt du côté de l’autoédition. C’est cette liberté, cette audace, cette souplesse (et parfois ce chaos organisé) qui me passionnent. J’en ai fait mon métier, mes journées, mes nuits parfois… et surtout mon terrain de jeu préféré.

Parce qu’accompagner un auteur à sortir ses griffes créatives, à soigner sa couverture comme une fourrure bien lustrée, à polir ses mots sans en ôter la voix… c’est exactement ce que j’aime faire. Pas de cage dorée, pas de hiérarchie obscure — juste un chemin de création directe, entre flair éditorial, coups de patte affûtés et ronrons de satisfaction une fois le livre en ligne.

L’autoédition, ce n’est pas une voie de secours. C’est un art de vivre, de créer, et parfois de rugir un peu plus fort dans la jungle littéraire.

Et si vous avez envie de faire le saut, je serai ravie de vous guider pas à pas… sans sortir les griffes (sauf pour corriger vos coquilles, bien sûr).


Commentaires

Une réponse à “Autoédition ou édition traditionnelle : quel modèle choisir pour votre livre ?”

  1. Avatar de Vergnes

    Bonjour,
    Je me lance dans l’écriture de mon premier livre, mon projet est déjà bien avancé et j’ai lu votre page avec grand intérêt. Vos conseils sont extrêmement précieux pour le néophyte de l’autoedition que je suis. Je serais ravi de pouvoir échanger avec vous.
    Bien à vous,
    Michel

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