Anne Guervel
Autoéditrice, maquettiste, graphiste éditorial

Les erreurs à éviter pour des mises en page non professionnelles


Un texte bien écrit ne suffit pas toujours. Ce qui fait la différence à la lecture ? Une mise en page professionnelle, invisible mais cruciale.

Quand on termine l’écriture d’un livre, on croit souvent que le plus dur est fait. Et d’une certaine manière, c’est vrai : écrire demande du temps, de l’énergie, de la concentration. Mais pour que ce texte devienne un livre à part entière — agréable à lire, fluide, clair, digne de l’auteur — une étape cruciale reste encore à franchir : la mise en page.

Et non, ce n’est pas qu’une question d’esthétique.

La mise en page, c’est ce qu’on ne voit pas (mais qu’on ressent à chaque page)

Une bonne mise en page ne se remarque pas. Elle s’efface derrière le contenu, mais elle en conditionne entièrement la lisibilité.

Un livre mal maquetté peut-être fatigant à lire, même si le texte est excellent. Un livre bien conçu, en revanche, peut valoriser l’intention de l’auteur, soutenir son propos, et même renforcer l’impact émotionnel du récit ou du contenu.

Les erreurs de mise en page les plus fréquentes (et leurs effets)

Même un excellent texte peut devenir difficile à lire ou donner une impression « brouillonne » s’il est mal mis en page. Voici les erreurs les plus courantes que je rencontre chez les auteurs autoédités, avec leurs effets réels sur la lecture et des exemples concrets.

1. Marges trop étroites

Effet : lecture oppressante, manque de respiration

Exemple : un manuscrit mis en page dans Word avec des marges de 1,5 cm sur tous les côtés pour « gagner de la place ». Le texte semble collé aux bords. Le lecteur doit tordre son livre pour lire les lignes proches de la reliure. Résultat : inconfort, impression d’amateurisme, et surtout… risque que le livre ne respecte pas les tolérances d’impression (notamment sur KDP).

Ce qu’il faut : des marges intérieures plus généreuses pour la reliure (> 2 cm), et des marges extérieures adaptées au format.

2. Polices mal choisies

Effet : lecture fatigante, aspect peu professionnel

Exemple : un auteur choisit une police fantaisie (Comic Sans, Papyrus) pour « se démarquer ». Cela nuit à la lisibilité et donne une image non professionnelle. Autre erreur : une taille de police trop petite ou une fonte trop fine.

Ce qu’il faut : une police conçue pour l’édition (Garamond, Minion, Source Serif), en 10 à 12 pt selon le format.

Découvrir aussi : Choisir les polices de caractère pour un livre 

3. Interlignes mal réglés

Effet : texte trop compact ou trop aéré, gêne la concentration

Exemple : interligne simple (1,0) = texte serré et oppressant. À l’inverse, interligne de 1,8 ou 2 = texte aéré à l’excès, impression d’un rapport de stage.

Ce qu’il faut : un interlignage autour de 120–130 % de la taille de la police (ex. : 12 pt → interligne ~15 pt).

4. Justification sans césure

Effet : trous blancs, “rivières” dans le texte

Exemple : texte justifié sans césure dans Word = lignes étirées avec des blancs irréguliers entre les mots. Cela perturbe la lecture.

Ce qu’il faut : activer les césures et ajuster le gris typographique pour un rendu équilibré.

5. Titres mal hiérarchisés

Effet : structure confuse, perte de repères

Exemple : un guide pratique où tous les titres sont en gras, taille 14, sans différence de style. Le lecteur se perd.

Ce qu’il faut : une hiérarchie claire : Titre 1 (gras, grand), Titre 2 (gras, taille intermédiaire), Titre 3 (italique ou simple).

6. Veuves et orphelines

Effet : ruptures visuelles, rythme cassé

Exemple : un mot seul en bas de page ou une phrase isolée en haut de page suivante. Cela déséquilibre le texte visuellement.

Ce qu’il faut : ajuster les paragraphes ou utiliser les réglages typographiques professionnels pour les éviter.

7. Blocs de texte trop larges

Effet : balayage fatigant, inconfort visuel

Exemple : un texte en pleine largeur sur une grande page (17x24 cm), sans colonnes ni marges internes = 100+ caractères/ligne. Le regard se perd.

Ce qu’il faut : viser 60–75 caractères/ligne pour une lecture optimale.

Une bonne mise en page, c’est bien plus qu’un joli rendu

Une mise en page ne s'improvise pas. Comme expliqué plus haut, un mauvais agencement de vos contenus peut être frein à sa bonne appréciation. 
Dans le cas où vous n'avez pas de compétences sur le sujet, le recours à la délégation de la mise en page de votre ouvrage doit être envisagé pour garantir les chances de succès. 

Voici ce qu’apporte un travail de mise en page professionnelle :

  • Une lecture fluide et agréable
  • Un confort visuel sur tous supports
  • Une crédibilité renforcée
  • Une valorisation du contenu
  • Un livre à la hauteur de l’intention de l’auteur

Cas concret : deux livres, deux ressentis

Un auteur m’a confié un manuscrit bien relu, bien écrit, mais maquetté dans Word. Justification sans césure, titres mal hiérarchisés, marges étroites.

Résultat : lecture difficile malgré un bon fond.

J’ai repris toute la structure typographique. Le texte, une fois maquetté, donnait envie d’être lu. Même contenu, mais expérience radicalement différente.

Quel est le rôle d'un maquettiste éditorial ?

  • Pense la cohérence globale (styles, hiérarchie, tables dynamiques)
  • Sait adapter le format au support (papier, ePub, Kindle)
  • Corrige les détails invisibles : veuves, orphelines, habillage
  • Respecte le rythme du texte (respirations visuelles, placements clés)
  • Rend la lecture fluide, naturelle, professionnelle

Pour aller plus loin

Pourquoi choisir l’autoédition pour son livre – CoolLibri

https://www.coollibri.com/blog/pourquoi-choisir-lautoedition-pour-son-livre/

Bien choisir sa typographie : lisibilité et esthétique dans l’édition – Les Trois Colonnes

https://blog.lestroiscolonnes.com/bien-choisir-sa-typographie/

En conclusion : un bon texte mérite une belle mise en page

Si vous avez passé des mois à écrire, votre livre mérite plus que du copier-coller. Il mérite un écrin.

Et c’est ce que la mise en page professionnelle apporte : un écrin discret, mais puissant, au service de votre message.

Un bon texte attire. Une belle mise en page retient l’attention et la rend fluide. C’est là que la magie opère.

Ce n’est pas parce qu’un lecteur ne remarque rien qu’il ne se passe rien.

C’est justement parce que tout est fluide, équilibré et confortable qu’il peut se concentrer sur l’essentiel : le contenu.


Lire les commentaires (0)

Articles similaires


Soyez le premier à réagir

Ne sera pas publié

Envoyé !

Derniers articles

Les erreurs à éviter pour des mises en page non professionnelles

26 Mai 2025

Un texte bien écrit ne suffit pas toujours. Ce qui fait la différence à la lecture? Une mise en page professionnelle, invisible mais cruciale.

Pourquoi la relation humaine change tout dans un projet de livre autoédité

12 Mai 2025

On pense souvent qu’un livre se construit seul. Mais en autoédition, c’est la qualité des liens humains qui fait souvent toute la différence.
Créer un livre,...

7 stratégies efficaces pour plus de commentaires sur Amazon

14 Oct 2024

Les commentaires publiés pour votre livre sur KDP Amazon sont très importants pour les auteurs indépendants

Catégories

Création et référencement du site par Simplébo   |   Ce site a été proposé par PROPULSE BY CA

Connexion